La boucane

 

(Le texte que vous vous apprêtez à lire n’est qu’un épisode de ma vie personnelle que j’avais le goût de partager avec vous, n’y voyez aucun jugement chers amis fumeurs!)

J’avais 12 ans, j’entrais au secondaire…. Wow! J’étais une adolescente ! Je m’étais réveillée ce matin-là, convaincue que pendant la nuit, une transformation s’était faite, j’étais enfin devenue une adolescente. Oui! Oui! C’est le jour même de la rentrée que tu deviens une ado! Bon, je sais, ça n’a pas de sens, mais à l’époque, c’est ce que je croyais !!!

Pour moi, l’école était un lieu de réconfort, de bien-être. Malgré mes difficultés académiques, je m’y sentais à l’aise et heureuse. L’amitié était d’une importance vitale à cette étape de ma jeune existence.  J’étais avide de faire de nouvelles expériences, avide de fréquentations. À cet âge, on se cherche, on explore plusieurs avenues. On tente de définir notre identité, de se forger une image, une personnalité.  C’est l’âge de l’initiation !!

Quelque part entre 1988-1989, j’ai donc allumé ma première clope….. Là, j’étais comme le reste de ma gang!  Enfin acceptée! Fumer dans les années 80 était très diffèrent de ce que la boucane représente aujourd’hui. Considérant que plus de la moitié de la population à cette époque, avait essayé au moins une fois d’inhaler ce cylindre rempli de feuilles de tabac.

Pendant mes 6 années de secondaire, (vous vous souvenez que j’avais des difficultés académiques!), la cigarette fût ma plus fidèle amie. Elle me suivait partout. Elle s’installait dans ma routine de vie. Elle avait même réussi à me convaincre que j’avais vraiment besoin d’elle à tout moment. Il y avait un lien étroit entre elle et mes émotions. La dépendance s’est installée sournoisement.

J’ai fumé pendant 23 ans, sauf pendant ma grossesse et quand j’allaitais. Ensuite, j’ai recommencé…. Pourquoi? Eh bien, parce que j’étais prisonnière! J’ai essayé mainte et mainte fois de me défaire de cette dépendance. Je croyais que ce serait facile. Je me disais que c’était juste une mauvaise habitude, mais c’était plus que ça. Griller une clope menait ma vie. Je vous explique : Je calculais le temps, entre mes allées et venues, mes rendez-vous avec mes clientes, pour avoir le temps de fumer entre chacun. En soirée, je comptais le nombre de cigarettes qui me restait dans mon paquet, pour m’assurer que le lendemain matin j’en aurais assez avec mon café. J’étais esclave de ce petit bout de tabac, qui me procurait … qui me procurait quoi en fait? Ceux qui n’ont jamais fumé auront peut-être de la difficulté à comprendre ce qui suit. Quand j’inhalais cette boucane j’avais la sensation de prendre une pause, un genre de temps d’arrêt. Quand j’en grillais une, j’avais l’impression de relaxer, de relâcher, de rêvasser, de m’évader…. Mais c’était le contraire, j’étais prisonnière!

En 2011, j’en ai finalement eu assez. Je me suis mise au défi de trouver une solution pour me défaire une fois pour toutes de cette chaine: ma dépendance au tabac.

Je me suis d’abord donné des raisons pour me motiver à cesser. En voici quelques-unes : il y a bien sûr la question monétaire, j’avais l’impression de brûler mon cash (jeu de mots!), de sentir continuellement la cigarette et d’incommoder mes clients, de manquer de cardio pour me remettre en forme (moi qui jadis aimais bien l’activité physique). Pas simple de se convaincre soi-même, car il y avait aussi la fameuse croyance qui dit qu’arrêter de fumer égale engraisser! Pas possible…La peur nous envahit, surtout nous les filles, la maudite peur de prendre quelques kilos! Difficile de s’enlever ça de la tête! Il fallait juste m’assurer de ne pas changer une dépendance par une autre!  Â force d’arguments, j’ai fini par me convaincre moi-même! Après tout, décider d’arrêter, c’est beaucoup plus facile qu’essayer de ne pas recommencer!

En octobre de cette même année, je me suis fixé une date, LA DATE! Ce serait le 4 novembre !!  J’ai choisi ce qui allait être mon meilleur allié dans cette quête de remise en forme: le Champix! Cette fameuse molécule qui aide au sevrage en agissant sur le cerveau, qui aide à soulager les symptômes du manque. J’étais en mode solution!

Le 23 octobre, j’étais à l’aéroport de Montréal, je faisais mes emplettes aux hors-taxes avant de prendre mon vol pour Punta Cana. J’ai regardé devant moi le grand mur tapissé de couleur et j’ai choisi ma couleur préférée :  bleu « Export A medium »! Ce serait mon dernier « cartoon » à vie! Que les vacances commencent! Soleil, pina colada, mer et bien sûr, mon paquet de cigarettes. Pendant ce séjour, j’ai fumé comme s’il ni avait pas de lendemain.  On se calme, je n’ai pas brûlé 25 clopes par jour, mais j’ai quand même fumé le double de ce que j’avais l’habitude de fumer! Je suis revenue avec 2 paquets…

À mon retour, j’ai mis mon plan en action et le 4 novembre 2011, tel que prévu, j’ai écrasé ma dernière cigarette! Ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai réussi !!!!

J’ai bien sûr dû accepter que mon corps change, mais ça a été pour le mieux. Ce qui m’a aidé, c’est que dès le début, je me suis remise à l’activité physique. Aujourd’hui encore, je fais de la course a pied, je m’entraîne à la boxe olympique (j’ai même été formée comme entraîneur !). Je suis maintenant une « ex-détenue » de la prison du tabagisme et je célébrerai bientôt le 9e anniversaire de cette nouvelle vie sans fumée!

Je termine en vous disant que la motivation y était, qu’elle m’a amené à prendre une décision et qu’ensuite, j’ai trouvé la solution pour me mettre en action. Pour moi, cette phrase parle d’elle-même et c’est ma marche à suivre dans plein de sphères de ma vie! C’est maintenant ça qui m’allume!

Enfin, je respire!

Val La Multipassionée